Dans cet article nous allons aborder la notion du cheval autoporteur. C’est-à-dire un cheval qui maintient son rythme, son allure, sa direction et même son attitude sans contrainte.
Si votre cheval accélère dès que vous relâchez vos rênes ou ralentit lorsque vous relâchez vos jambes ou change de direction sans que vous ne le lui demandiez, c’est qu’il n’est pas autoporteur.
Et si vous montez avec une constante pression sur vos rênes pour empêcher votre cheval d’accélérer ou de vos jambes pour l’empêcher de ralentir, vous montez votre cheval dans la contrainte.
N’hésitez pas à aller voir mon article sur le sujet, si ce n’est pas déjà fait : ➽ résolution de problèmes : cheval difficile, stressé, anxieux.
Cheval autoporteur : la notion de boite
Pour que vous compreniez bien cette notion d’autoporteur, je vais vous parler de la boîte. Imaginez que votre cheval se trouve dans une boîte. La taille de la boite varie selon l’expérience du cheval, mais le principe est le même.
C’est vous qui contrôlez la direction de la boîte et la vitesse de la boîte. Lorsque le cheval veut sortir de la boîte cela va devenir inconfortable car vous allez le corriger pour le remettre dans la boîte. Par exemple, si votre cheval accélère vous allez lui demander de ralentir pour le remettre dans la boîte. Mais dès qu’il est dans la boîte, il doit y trouver du confort.
Donc lorsqu’il est dans la boîte, il ne doit pas y avoir de pression de votre part. Mais dès qu’il en sort, à ce moment-là la pression va arriver.
Erreur fréquente qui empêche le cheval de devenir autoporteur
L’erreur fréquemment commise est de rendre la boîte inconfortable. Je m’explique : imaginez que votre cheval accélère et que vous mettiez une pression sur vos rênes pour le ralentir. Il ralentit, mais vous sentez qu’il est prêt à accélérer à nouveau, si vous relâchez les rênes.
Vous maintenez donc la pression dans vos rênes constamment pour qu’il trotte à la vitesse voulue. En faisant cela, vous rendez votre boîte très inconfortable, car la pression dans la bouche du cheval ne s’en va pas.
Vous me direz, mais dès que je relâche la pression des rênes, mon cheval accélère.. Alors oui c’est normal, car jusque-là vous avez maintenu votre cheval dans la boîte, vous avez donc rendu cette boîte inconfortable.
Rappelez-vous le cheval est un animal qui est constamment à la recherche de confort. Donc si votre boite est inconfortable qu’aura-t-il envie de faire ? Oui, il aura très envie d’en sortir.
Je dirais même, que plus vous rendrez votre boite inconfortable, plus elle rendra votre cheval stressé. Car plus vous allez augmenter votre pression, plus votre cheval aura envie d’y échapper et plus vous allez augmenter la pression, c’est un cercle vicieux.
Le cheval ne pouvant y échapper risque de rechercher d’autres solutions, comme les défenses. Et s’il parvient à enlever la pression avec une défense, par exemple en désarçonnant son cavalier, il y a de fortes chances pour qu’il recommence dès que la pression sera trop forte.
Comment mettre du confort dans la boite pour rendre son cheval autoporteur ?
Il va falloir donc lui apprendre que dans la boîte c’est plus confortable qu’à l’extérieur. Pour cela, la seule solution est de lui laisser faire l’erreur d’en sortir.
Si vous n’avez pas encore lu mon article article sur ➽ l’importance de l’erreur dans l’apprentissage, je vous invite à le faire.
Donc lorsque votre cheval accélère vous allez devoir bien sûr le ralentir, mais dès qu’il aura ralenti, il est impératif que vous relâchiez la pression de vos rênes.
Au départ, votre cheval va accélérer tout de suite. C’est normal et vous n’allez pas attendre, vous allez refaire la même chose, c’est-à-dire ralentir votre cheval, puis relâcher la pression. Les premières séances vous aurez l’impression de ne faire que ça.
Mais ne vous inquiétez pas la progression va arriver très vite, car le cheval est à la recherche de confort. Il va rapidement se rendre compte que c’est plus confortable pour lui de rester dans la boîte plutôt que d’en sortir à chaque fois.
Si cela vous stresse de relâcher les rênes de votre cheval, faites-le d’abord dans un endroit sûr. Choisissez un rond de longe ou une carrière dans laquelle vous avez l’habitude d’évoluer.
Étant moi-même passée par cette étape avec mon cheval Hanoï, je sais à quel point c’est inconfortable et stressant au début de relâcher ses rênes et de laisser le cheval accélérer. Mais cela en vaut vraiment la peine, car c’est le seul moyen que vous ayez de rendre la boîte confortable et de donner envie au cheval d’y rester.
J’ai pris l’exemple du cheval qui accélère, mais l’idée est la même pour le cheval qui ralentit ou qui change de direction sans que vous le lui demandiez.
Relâcher les rênes, étape indispensable pour un cheval autoporteur
Comme vous l’avez sûrement compris, relâcher vos rênes est une étape indispensable pour rendre votre cheval autoporteur. Très peu de cavaliers osent vraiment relâcher leurs rênes. La première raison, c’est qu’ils ont appris dans les centres équestres qu’ils ont fréquentés, qu’il fallait avoir une tension constante dans les rênes.
Moi-même lorsque j’ai débuté l’équitation, je montais un cheval qui avait tendance à ralentir et à être un peu mou. Mon professeur de l’époque m’avait suggéré de mettre une pression de jambes à chaque foulée pour que mon cheval maintienne une allure correcte. J’imagine que je ne suis pas la seule à avoir appris ce genre de choses.
Une autre raison qui fait que l’on ne relâche pas les rênes, c’est que les rênes longues sont associées à du loisir, de la balade ou la fin du travail, mais en aucun cas à du travail.
Le problème principal avec cela, c’est que tout ce que nous demandons au cheval passe par sa bouche. On utilise les rênes pour ralentir, pour tourner et pour placer le cheval. Le fait d’avoir autant de demandes qui passent par la bouche du cheval, va souvent être un grand facteur de stress pour nos chevaux.
Et si en plus nous utilisons des aides contradictoires comme la pression dans la bouche qui veut dire ralenti et la pression des jambes qui veut dire accélère en même temps, la confusion arrive très vite chez le cheval. Pourquoi ? Parce que le cheval ne sait plus que faire pour enlever ces pressions.
De plus, si toutes les pressions passent par par la bouche, il n’a jamais l’opportunité d’être 100 % sûr de la réponse à donner à la pression. Parce qu’une fois la pression dans la bouche veut dire ralentis, la fois suivante la pression dans la bouche veut dire mets-toi en flexion et la fois suivante la pression dans la bouche veut dire redresse-toi.. Bref vous imaginez bien que le cheval peut être confus. C’est important de comprendre cette notion là, car la confusion chez nos chevaux leur amène énormément de stress.
Et que fait un cheval stressé ? il cherchera à fuir ce qui le stresse, donc à accélérer ou pire il optera pour des défenses afin d’ôter toute pression. Ou certains se résigneront en attendant que les pressions s’enlèvent. Dans tous les cas, aucune de ces situations n’est favorable au bien-être du cheval.
Mais alors si je ne peux plus monter les rênes en contact, comment faire du dressage?
Vous avez envie de faire du dressage, ou toute autre discipline équestre, bien entendu que vous n’allez pas le faire rênes longues.
Par contre, le travail rênes longues se fait en amont. Rendre la boîte confortable pour obtenir un cheval autoporteur est essentiel si vous voulez obtenir de bons résultats dans votre discipline équestre tout en respectant le bien-être de votre cheval.
Imaginez, vous éduquez votre cheval à ralentir et accélérer grâce à votre bassin et vos jambes, à le diriger grâce à vos jambes, vos rênes ne vous serviront ensuite que pour la finesse. Vous pourrez ainsi éduquer votre cheval à céder à la pression du mors et ainsi à se placer.
Puis vous pourrez progresser dans votre discipline avec un cheval attentif et confiant. Il sera prêt mentalement à faire de nouveaux apprentissages spécifiques à votre discipline. Toutes vos actions auront une réponse unique et votre cheval sera capable de connaître chaque réponse. Le stress du cheval va donc fortement diminuer et sa confiance en vous augmenter.
Pour conclure
Demandez-vous si votre boîte est confortable pour votre cheval. Si ce n’est pas le cas, prenez le temps d’éduquer votre cheval à rester dans votre boîte de son propre gré, ainsi la boîte deviendra confortable.
Laissez toujours l’opportunité à votre cheval de sortir de sa boîte, mais n’hésitez jamais lorsque votre cheval en sort de lui demander d’y retourner. Plus vite vous ferez votre demande, plus vite votre cheval comprendra que son confort est dans la boîte. Votre cheval aura de plus en plus envie de rester dans la boite et le cercle vertueux se mettra en place.
Lorsque cette notion de boîte sera bien acquise pour la direction et l’impulsion, vous pourrez mettre ensuite en place tout autre apprentissage plus spécifique à l’équitation. Et ce qui est génial c’est que vous constatez que votre cheval progressera rapidement dans tous les apprentissages que vous lui proposerez.