Le monde sensoriel du cheval, tout comme celui de l’humain est composé de cinq sens. Mais en tant qu’herbivores vivant en troupeaux dans des environnements ouverts, les chevaux ont développé chacun de ces sens de manière spécifique pour assurer leur survie.
Comprendre leur perception sensorielle permet non seulement de mieux interagir avec eux, mais aussi de leur offrir un quotidien plus adapté à leurs besoins.

Pourquoi s’intéresser aux sens du cheval ?
Le cheval n’est pas un prédateur comme nous. C’est une proie. Toute son anatomie, son comportement et sa perception du monde sont orientés vers la détection précoce du danger et la communication avec ses congénères.
Découvrir comment fonctionne chacun de ses sens, c’est apprendre à mieux décoder ses réactions, à renforcer notre lien avec lui, et à ajuster notre manière de le manipuler et de l’éduquer.
L’odorat : le sens dominant chez le cheval
Un odorat surdéveloppé
Chez le cheval, l’olfaction est le sens dominant. Grâce à un épithélium olfactif très sensible situé dans ses naseaux, il peut capter des informations très fines de son environnement.
Chaque narine fonctionne de façon semi-indépendante, ce qui lui permet de localiser précisément l’origine d’une odeur.
L’organe voméronasal et le flehmen
Les étalons utilisent l’odorat pour détecter les phéromones des juments en chaleur grâce à l’organe voméronasal. L’organe voméronasal est un petit organe sensoriel situé entre le nez et la bouche, chez de nombreux animaux. Il sert principalement à détecter certaines substances chimiques dans l’environnement, comme les phéromones.
Ce comportement s’accompagne souvent du flehmen : le cheval retrousse sa lèvre supérieure et lève la tête pour mieux emprisonner les molécules odorantes.
Choisir une nourriture sûre
Le cheval ne vomit pas. Il est donc vital qu’il reconnaisse les plantes toxiques. Il apprend cela dès son plus jeune âge en imitant sa mère. Un sevrage trop précoce peut d’ailleurs nuire à cette capacité, et expliquer certains comportements alimentaires inhabituels chez les chevaux adultes.
Communication et appréhension de l’environnement
L’odorat joue un rôle fondamental dans la communication entre chevaux, il n’est pas rare de voir deux chevaux nez à nez. Les chevaux se reconnaissent à l’odeur. Chaque groupe possède une odeur spécifique, ce qui permet aux membres d’un troupeau de se distinguer d’un autre.
L’odorat permet aussi de faire le tri entre ce qui est familier et inconnu dans l’environnement. Il lui permet d’analyser son environnement en s’approchant d’un objet et en allant le sentir.
La vision du cheval : une vue panoramique mais différente de la nôtre
Un champ visuel impressionnant
Grâce à ses yeux latéraux, le cheval bénéficie d’un champ de vision d’environ 340°. Il peut ainsi détecter un danger sans bouger la tête. Cependant, il possède deux angles morts : devant le nez et juste derrière lui.
Vision monoculaire vs binoculaire
Le cheval utilise :
- la vision monoculaire (un œil à la fois) pour surveiller de larges zones — cette vision est floue, mais très sensible aux mouvements ;
- la vision binoculaire (les deux yeux ensemble) dans un champ de 60 à 80°, orienté vers le sol — elle est nette et en 3D, parfaite pour évaluer la distance des obstacles, par exemple.

Sensibilité à la lumière et aux couleurs
Le cheval est dichromate : il perçoit surtout le bleu et le jaune, mais voit mal le rouge et le vert. Sa vision s’adapte lentement aux changements de luminosité, ce qui peut expliquer certaines hésitations lorsqu’il entre dans une zone sombre ou sort en plein soleil. En revanche, il voit bien la nuit.
Une mémoire visuelle latéralisée
Un cheval peut ne pas reconnaître un objet vu d’un œil, s’il le regarde ensuite avec l’autre. Ce phénomène explique certaines réactions surprises ou d’évitement en promenade, même si l’objet était déjà présent à l’aller.
L’ouïe : un radar à 360°
Des oreilles indépendantes et expressives
Les oreilles mobiles du cheval peuvent pivoter jusqu’à 180°, chacune de manière indépendante. Ce mouvement, appelé réflexe de Pryer, est automatique et permet au cheval de localiser précisément la source d’un bruit.
Une ouïe fine et complémentaire à la vue
Le cheval entend mieux les sons aigus et certains ultrasons que nous. L’ouïe et la vue forment un système d’alerte très efficace : l’un capte le bruit, l’autre vérifie visuellement s’il s’agit d’un danger. Ces deux sens sont indissociables dans la perception du monde équin.
Le goût : un guide alimentaire vital
Le cheval distingue le sucré, le salé, l’acide et l’amer. Il est capable de recracher ce qui ne lui semble pas comestible, mais cette capacité dépend aussi de son apprentissage, surtout dans les premières années de vie. Le goût est étroitement lié à l’odorat, et ensemble, ils permettent au cheval de choisir une alimentation sûre.
Le toucher : un sens social et protecteur
Un contact essentiel dès la naissance
La jument toilette son poulain dès ses premières minutes de vie, renforçant ainsi le lien maternel par le contact physique. Ce besoin de toucher perdure tout au long de la vie du cheval.
L’allo-grooming : un toilettage entre amis
Les chevaux s’adonnent souvent à l’allo-grooming, un toilettage mutuel entre congénères proches. Ils se grattent avec les dents sur le garrot ou la base de l’encolure, dans un moment de détente et d’apaisement partagé.
Une peau hypersensible
La peau du cheval est très sensible et lui permet de sentir la moindre mouche.
Il est capable de faire frémir sa peau pour faire fuir les insectes grâce à ses muscles peauciers.
Il possède aussi des poils tactiles (vibrisses) autour du nez et des yeux, qui l’aident à explorer et éviter les obstacles.
Le rôle du toucher dans la relation avec l’humain
Chaque cheval a un seuil de sensibilité différent. Le pansage, souvent considéré comme un moment agréable, peut être mal vécu s’il est trop brusque. Une étude menée par Léa Lansade (IFCE) a révélé que 50 % des chevaux montraient des signes d’inconfort pendant le pansage, tandis que seulement 5 % montraient des émotions positives.
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Notre manière de toucher les chevaux influence directement leur bien-être. Il est essentiel d’apprendre à lire leurs signaux, adapter notre gestuelle et enseigner ces compétences aux cavaliers pour construire une relation respectueuse et confortable.
En conclusion : un monde sensoriel à redécouvrir
Le cheval perçoit le monde autrement que nous. Ses sens, développés pour survivre dans un environnement ouvert et dangereux, façonnent ses comportements et ses réactions. En prenant le temps de comprendre son monde sensoriel, nous pouvons :
- mieux anticiper ses réactions,
- améliorer notre communication,
- renforcer notre lien avec lui,
- et surtout, respecter ses besoins naturels.
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Super, très intéressant merci beaucoup😁
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Bonjour,
Tellement intérèssant. Ça amène à reflexion et explique bien des choses.
J’aime beaucoup lire vos articles, merci !
Merci beaucoup pour votre retour 🙂 c’est encourageant de le savoir !