Dans cet article, j’aimerais vous parler des 5 choses qui me semblent être essentielles au bien-être des chevaux. Pour avoir des chevaux bien physiquement, mentalement et émotionnellement.
Les 3 premiers essentiels sont les 3 besoins fondamentaux des chevaux. Ils ont été mis en évidence par des éthologues qui ont passé du temps à les observer dans leur milieu naturel.
Les 2 essentiels suivants me paraissent primordiaux pour le bien-être de nos chevaux domestiqués.
1. Le bien-être de nos chevaux par l'alimentation
Le cheval est un herbivore. Comme tous les herbivores, les chevaux ont besoin de manger beaucoup en quantité. En effet l’herbe est moins énergétique que d’autres aliments comme la viande par exemple.
Le cheval passe donc la plus grande partie de sa journée à manger pour couvrir ses besoins énergétiques. Il y passe environ 50 à 60% de son temps ce qui représente 12 à 16h par jour.
Le régime d’un cheval dans la nature est assez varié. Mais il est surtout très riche en fibres. Le cheval consomme ce qu’il va trouver sur son domaine vital. Son régime est composé de différentes herbes, mais aussi des feuilles d’arbres, des écorces (instinct probablement hérité de ses ancêtres qui vivaient en forêt, il y a plus de 5 millions d’années). Il peut manger aussi des baies, des plus gros fruits, de la mousse et même parfois des plantes toxiques à petites doses afin probablement de se débarrasser de parasites.
Particularités du système digestif du cheval
Les chevaux ont un système digestif particulier. Leur tube digestif ne peut digérer que peu d’aliments à la fois. Ils doivent donc ingérer de petites quantités à la fois sur une longue durée. Ils ne sont pas capables de vomir.
De plus, l’estomac du cheval devrait fonctionner tout le temps. Si ce n’est pas le cas, l’organisme va être stressé et peut développer des maladies comme les ulcères.
Un cheval ne devrait pas passer plus de 4 heures sans manger. C’est le temps qu’il faut à l’estomac pour se vider.
En effet, contrairement à nous, les chevaux ne possèdent pas de vésicule biliaire qui régule le taux d’acidité dans l’estomac. Un fois vide, l’estomac du cheval devient très acide. Cette acidité finit par ronger les parois de l’estomac. Les lésions ainsi créées sur les parois de l’estomac s’appellent les ulcères.
Il est donc important pour le bien-être de nos chevaux en détention, de leur apporter des fibres sous forme de foin ou d’herbe à volonté. Ainsi ils ne dépasseront pas ce seuil des 4h sans manger.
Pas toujours facile en réalité vous me direz. Surtout quand on a des chevaux qui mangent très vite leur ration de foin. Il existe beaucoup de techniques de slowfeeding qui permettent de ralentir l’ingestion de foin ou même d’herbe.
Le filet à foin reste à mon avis la plus pratique. Je vous présenterai mon écurie dans un prochain article et vous verrez comment nous nourrissons nos chevaux avec ces techniques.
2. Le bien-être de nos chevaux par le mouvement libre
On observe que les chevaux dans la nature se déplacent principalement au pas en groupe. Ils parcourent en moyenne 15-20km par jour à la recherche d’un point d’eau, d’une nouvelle pâture ou d’un abri.
Le trot et le galop sont utilisés dans la fuite, dans les parades amoureuses, les jeux et les combats.
Les mouvements ont un grand rôle non seulement pour garder une musculature optimale, mais aussi dans le fonctionnement du système digestif.
Un cheval qui est privé de mouvement aura son système digestif qui fonctionnera au ralenti. Le risque qui en découle est la formation de bouchons dans l’intestin, plus connu sous le nom de colique. La colique reste encore aujourd’hui la cause principale de décès prématurés chez nos chevaux.
Il est important d’en avoir conscience et d’assurer à nos chevaux le maximum de mouvements pour leur bien-être physique, mais aussi émotionnel.
Pourquoi le bien-être émotionnel ?
Simplement, car un cheval de part sa nature réagit par la fuite lorsqu’il y a un danger. Dans un box ou un espace trop restreint, le cheval ne pourra pas fuir s’il estime qu’il y a danger.
Cette inhibition de mouvement provoque un grand stress émotionnel car il en va de sa survie. Eh oui de sa survie, même si nous on sait très bien qu’il n’y aucun danger réel, pour Petit Tonnerre c’est une question de survie. Imaginez-vous dans une situation où vous avez peur pour votre vie, quel serait votre niveau de stress ?
De plus, un cheval détenu en box de longues heures va manifester ce qu’on appelle un phénomène d' »effet rebond » lorsqu’on va le sortir. C’est -à-dire qu’il va ruer, faire des sauts de moutons, partir au galop, car il aura été trop longtemps privé de mouvements. Bien sûr, cet « effet rebond » n’est pas sans risque pour l’équitation.
Une étude américaines montre qu’il faut au moins 6h par jour au paddock + 1h de travail avec l’humain, pour que cet effet disparaisse.
3. Le bien-être de nos chevaux par les contacts sociaux
Pour comprendre pourquoi les contacts sociaux sont si important pour les chevaux, il faut s’intéresser à leur évolution.
L’ancêtre du cheval l’Eohippus vivait en milieu forestier, il était petit (25 à 50cm), il était beaucoup moins rapide que le cheval actuel et se cachait en cas de danger.
Lorsque les ancêtres des chevaux sont sortis des forêts pour vivre dans les steppes, ils ont dû s’adapter à leur nouvel environnement. Ne pouvant plus se cacher, ils ont dû trouver de nouvelles stratégies pour survivre.
La fuite face à un prédateur en fait partie. Le cheval est donc devenu de plus en plus rapide, se propulsant plus que sur 1 seul doigt par membre.
Le fait de se regrouper et vivre proches de ses congénères a aussi contribué à sa survie. Car lorsque l’on est en groupe face à un prédateur, on a toujours une chance de s’en sortir. Si on se retrouve seul, on sait que c’est nous allons y passer.
Les chevaux sont des animaux qui ont de très grandes compétences sociales, qui peuvent tisser des liens d’amitié très forts entre eux.
Dans la tête du cheval, se retrouver seul est très stressant.
D’ailleurs, les chevaux qui se retrouvent privés de contacts physiques montrent souvent des signes de mal-être. Des troubles du comportement sont fréquents. Des stéréotypies sont observées (tic à l’ours, tic à l’air, tic à l’appuis), ainsi que de l’agressivité envers les humains et les autres chevaux. Mais aussi l’apathie, qui est parfois confondue avec le repos et de l’hyper-vigilence.
Des contacts sans restriction, sans barrière, avec au moins un congénère, sont indispensables au bien-être des chevaux.
4. Le bien-être de nos chevaux par l'aménagement du lieu de vie
Dans la conception d’une écurie, il faut être attentif à certains points importants pour assurer le confort et la sécurité de nos chevaux.
En effet, ce n’est pas parce que le cheval vit dehors que son bien-être est assuré. Si son parc est boueux et sale et qu’il n’a pas d’abri, son bien-être est fortement compromis.
Voici les points qui me semblent importants dans la conception et gestion du lieu de vie du cheval :
- Un abri sec avec une litière pour se coucher.
- Du foin de qualité, en plusieurs point d’affouragement pour éviter les conflits.
- De l’eau propre.
- Des espaces nettoyés et stabilisés (surtout autour des points de nourrissage) pour éviter d’avoir les pieds dans la boue toute la journée l’hiver.
- Des espaces suffisants pour pouvoir s’éloigner visuellement des autres chevaux si besoin.
- Pas de sans issue ou coin étroit pour éviter qu’un cheval ne se retrouve coincé par un congénère.
Si ces points sont respectés, la vie en groupe est tout à fait possible et apportera du bien-être au cheval.
Bien sûr, il y a toujours des exceptions, des chevaux qui n’arrivent pas à s’adapter à une vie en groupe pour diverses raisons. Il faut savoir y être attentifs et ne pas imposer une vie à son cheval si on voit qu’il n’arrive pas à s’y adapter.
5. Le bien-être de nos chevaux par des interactions positives avec les humains
C’est dans cette partie-là que l’essentiel de mon travail va se faire. Malheureusement, beaucoup de chevaux font une association négative avec l’humain.
La principale raison est le manque de compréhension de leur bipède. Ce manque de compréhension engendre du stress pour le cheval, car il a besoin de pouvoir gérer son environnement pour se sentir bien.
S’il ne peut pas vous gérer, dans le sens qu’il ne sait pas quoi faire pour enlever les pressions que vous lui mettez, il sera stressé. Il associera qu’à chaque fois que vous arrivez, sa situation va se dégrader.
Par contre, si vous devenez compréhensible pour votre cheval, il va avoir du plaisir à interagir avec vous. Si chaque fois qu’il est avec vous il peut vous gérer, parce qu’il sait quoi faire pour enlever chaque pression que vous lui mettez. Si en plus il reçoit un truc à manger, des gratouilles ou autre, vous serez rapidement associé à quelque chose de positif pour votre cheval.
Lorsqu’il vous verra, il saura que sa situation va s’améliorer, il va donc avoir envie de passer du temps avec vous.
Nous reparlerons plus en détails dans mes futurs articles des différentes choses à comprendre et mettre en place pour créer des interactions positives avec son cheval.
N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires et si cet article vous a plu, partagez-le, ça me motivera à en écrire d’autres !
Merci pour cet article. Cela m’a permis d’approfondir un peu plus mes connaissances et de voir que les besoins de mes chevaux étaient bien respectés.