La pratique de l’équitation devenant de plus en plus controversée, il est important de se poser la question si effectivement il est acceptable d’utiliser la badine ou cravache à cheval. L’utilisation de ces outils en équitation soulève de nombreuses questions éthiques et pratiques.
Ces outils, s’ils sont mal utilisés, peuvent entraîner douleur, peur et incompréhension chez le cheval. Cependant, lorsqu’ils sont utilisés dans le but d’aider le cheval à trouver la solution, ils peuvent devenir une extension de la main du cavalier et contribuer à une communication claire.
Pourquoi se poser la question de l'utilisation de la badine ou cravache ?
Avec l’évolution des mentalités et les débats autour du bien-être animal, il est important de réfléchir à la manière dont ces outils sont utilisés. Sont-ils nécessaires ? Sont-ils éthiques ? Comment influencent-ils la relation avec le cheval ?
Comprendre l'impact de la badine ou cravache sur le cheval
Avant d’utiliser une badine ou une cravache, posez-vous ces questions essentielles :
- Qu’est-ce que cela provoque chez mon cheval ?
- Mon cheval comprend-il ce que j’essaie de lui dire ?
L’utilisation inappropriée de ces outils peut provoquer du stress, de l’incompréhension et des réactions défensives ou de fuite. Pour rappel, un cheval dans un état émotionnel de stress, ne sera pas capable d’apprendre. Il va simplement réagir avec ses instincts naturels.
Badine et cravache : douleur ou simple signal ?
Une utilisation légère et réfléchie de la badine ou cravache
La badine peut être utilisée comme une simple extension de la main, destinée à guider ou à signaler. Un tapotement léger et rythmé et progressif, ne doit ni provoquer de douleur ni effrayer le cheval.
Il est essentiel que l’utilisation de la badine se fasse sous forme de tapotements rapides et rythmés. Cela doit provoquer une gêne légère que le cheval peut faire cesser à tout moment en adoptant le comportement attendu.
En revanche, donner un seul coup isolé ou des coups espacés dans le temps ne permet pas au cheval de comprendre comment supprimer cette gêne, car celle-ci apparaît et disparaît sans logique claire.
Exemple pratique : Entraîner son cheval à déplacer ses postérieurs en tapotant doucement sa croupe avec une cravache de dressage, afin de lui permettre de trouver la solution.
Les risques d'une utilisation abusive de la badine ou cravache
À l’inverse, une utilisation brutale peut causer douleur et peur. La peur et la douleur (les 2 D) combinés ensemble vont laisser des traces indélébiles dans la mémoire du cheval. Il sera difficile de regagner sa confiance.
Même sans contact, l’agitation d’une cravache peut rappeler au cheval une expérience passée négative. Cette peur nuit non seulement à son bien-être mais aussi à la sécurité du cavalier. De plus, causer intentionnellement de la douleur et de la peur chez les animaux ne peut jamais être éthiquement acceptable.
Le cheval comprend-il ce qu’on lui demande ?
Les bases de l'apprentissage équin
Pour être éthique et efficace, un cavalier doit comprendre :
- Les principes du renforcement négatif : suppression de la pression lorsque le cheval fait ce qui est demandé.
- Les principes de la punition positive : ajout de qqch de désagréable suite à un comportement. Punir un cheval pour un comportement indésirable est une stratégie souvent inutile et toujours éthiquement discutable.
- L’importance du timing dans l’éducation.
Chaque réponse devrait être conditionnées, afin que le cheval sache comment répondre à chaque pression (conditionnement opérant) ou signal (conditionnement classique). Le conditionnement est aussi utilisé dans l’éducation de beaucoup d’autres espèces, comme les chiens et les animaux de zoo.
Attention à ne pas anthropomorphiser
Les chevaux ne pensent pas comme les humains. Par exemple, punir un cheval parce qu’il semble avoir un comportement que l’on jugerait de « têtu » reflète une mauvaise compréhension de ses capacités cognitives.
Une punition incompréhensible n’apporte que du stress et abîme la confiance mutuelle. Un cheval n’est pas capable de savoir si ce qu’il fait est bien ou mal. Il ne peut pas avoir de mauvaises intentions envers son humain. C’est donc très important de ne rien prendre personnellement.
Si le cheval adopte des comportements que l’on juge inadéquats, c’est pour l’unique raison que ces comportements fonctionnent pour le cheval. En effet, ces comportements permettent au cheval d’enlever la pression que l’humain lui inflige.
Surestimer les capacités cognitives d’un cheval, par exemple en se disant qu’il est acceptable de le punir car « il se fout de moi, il sait très bien ce que je veux qu’il fasse », rend cette punition abusive.
Le cheval est-il capable de répondre à la demande lors de l'utilisation de la badine ou cravache?
Limites physiques et mentales
Avant d’utiliser une badine, demandez-vous :
- Est-ce que votre cheval a la capacité physique et un stade de formation adapté à ce que vous lui demandez ? Par exemple, est-ce que le cheval est capable de franchir un saut de cette hauteur ? Est-il assez fort pour effectuer des mouvements de dressage de haut niveau lorsqu’il est fatigué à la fin d’une leçon ?
- Comprend-il les aides données ? Sait-il quelle réponse donner à chaque pression de son cavalier ?
Un cheval confus ou physiquement incapable ne pourra répondre correctement, même avec une aide plus insistante.
Le cavalier est-il suffisamment compétent ?
Des aides claires et cohérentes
Un cavalier inexpérimenté ou frustré risque d’utiliser ses aides de manière contradictoire. Comme par exemple une pression simultanée des jambes et des rênes. Une mauvaise utilisation de la badine à ce moment-là peut alors provoquer encore plus de confusion et de stress chez le cheval.
Conseil : Évaluez vos propres compétences et remettez en question vos habitudes pour améliorer la communication avec votre cheval.
Comprendre le fonctionnement du cheval
Il est nécessaire que le cavalier portant une badine comprenne vraiment comment l’utiliser de manière appropriée. Qu’elle sache comment les chevaux apprennent et comment utiliser des pressions progressives.
La progression des pressions est essentielle pour amener le cheval à répondre à des aides toujours plus fines.
Je vous invite à regarder cette vidéo où je vous explique de quelle manière utiliser votre badine pour la rendre compréhensible pour votre cheval. Elle deviendra alors une réelle aide dans les apprentissages.
L'efficacité réelle de la badine ou cravache sur le cheval
Une habitude ou une nécessité ?
Chaque utilisation de la badine devrait avoir un but précis, qu’il s’agisse de guider ou d’éduquer. Posez-vous toujours cette question :
« Mon cheval apprend-il réellement quelque chose ou s’agit-il d’une réaction au stress ? »
En prenant l’exemple d’un cheval qui refuse de sauter, demandez-vous dans quelle mesure est-il probable qu’en le frappant dans les dernières foulées avant de sauter un obstacle, cela augmente les chances qu’il saute en toute sécurité ?
La conséquence d’une telle utilisation de la badine va provoquer du stress, donc possiblement de la fuite dans un premier temps. Le cheval va peut-être sauter, mais par peur. L’association qu’il va faire avec le saut sera négative, car il va associer qu’à chaque fois qu’il arrive devant un obstacle il risque de se faire frapper.
Sauter dans la fuite avec un cheval stressé est très dangereux, car le cheval ne sera pas concentré sur la parabole de son saut, mais juste à passer au plus vite de l’autre côté.
Il est possible de rendre le saut attractif pour le cheval avec un peu d’éducation, alors pourquoi s’en priver ?
Impact sur l’acceptation sociale de l’équitation
L’utilisation abusive de la badine nuit également à l’image publique de l’équitation. Pour préserver l’acceptation sociale de notre sport, il est nécessaire de privilégier des méthodes respectueuses et bienveillantes.
Lorsque l’on considère l’impact social de l’équitation, nous devons nous positionner comme des membres du public « non passionnés » d’équitation, car enfin de compte, sans le soutien du public, le sport équestre risque de ne pas survivre.
Conclusion : Une utilisation responsable avant tout
La badine ou la cravache peut être un outil précieux lorsqu’elle est utilisée de manière éthique et réfléchie. Cependant, son usage doit toujours viser à améliorer la communication avec le cheval en respecter son bien-être. Une mauvaise utilisation, qu’elle soit brutale ou non adaptée, compromet la relation de confiance avec l’animal et l’image de l’équitation auprès du public.
Nous arrivons au terme de cet article, votre avis sur le sujet m’intéresse, n’hésitez pas à me le donner dans les commentaires.
Ayant fréquenté plusieurs centres équestres, j’ai été dégoûtée de voir de quelle manière sont traités les chevaux et poneys. J’ai un cheval camargue et je l’ai éduqué à l’éthologie. Je n’ai jamais été intéressée par les concours. Ce qui me plaît, c’est la relation humain/cheval.