Le budget temps du cheval, c’est la répartition de ses activités sur 24 heures. Comprendre comment un cheval occupe son temps est essentiel pour mieux répondre à ses besoins fondamentaux et améliorer son bien-être au quotidien.
La plupart des études menées sur le sujet concernent des chevaux vivant en liberté, sans les contraintes liées à la vie auprès des humains. C’est une référence précieuse pour comparer et adapter la gestion de nos chevaux domestiques.
Voyons ensemble quelles sont les principales activités du cheval, de celle qui occupe le plus de temps à celle qui en demande le moins.

Se nourrir : l’activité principale du cheval
Le cheval est un herbivore, et comme tous les herbivores, il doit passer beaucoup de temps à manger. L’herbe est moins énergétique que des aliments comme la viande, il compense donc par la quantité.
- Temps consacré : environ 50 à 60 % de sa journée, soit 12 à 16 heures par jour.
- Régime naturel : varié, riche en fibres (herbes, feuilles, écorces, baies, fruits, mousse, parfois même de petites doses de plantes toxiques pour réguler son organisme).

Le système digestif particulier du cheval
Le tube digestif du cheval n’est pas conçu pour recevoir de gros repas. Il doit ingérer de petites quantités tout au long de la journée. De plus :
- Il ne peut pas vomir.
- Son estomac fonctionne en continu et ne devrait jamais rester vide plus de 3-4 heures (au risque de stress et d’ulcères). En effet, l’estomac du cheval secrète de l’acide gastrique en continu contrairement au nôtre et de plus il ne possède pas de vésicule biliaire régulant la bile.
C’est pourquoi il est essentiel pour le cheval d’avoir accès à des fibres (foin) de manière continue.
Se reposer : un besoin vital
Le cheval consacre entre 20 et 30 % de son temps au repos, soit environ 5 à 7 heures par jour.
- Il ne dort pas d’un seul bloc mais par cycles de 30 à 60 minutes.
- Les phases de sommeil : somnolence → sommeil à ondes lentes → sommeil paradoxal (rêves).
Dormir debout ou couché ?
- Debout : le cheval peut somnoler grâce à un système de verrouillage de ses articulations. Mais il ne peut pas atteindre le sommeil paradoxal.
- Couché (en vache ou sur le flanc) : il est nécessaire que le cheval se couche sur le flanc pour accéder au sommeil paradoxal. Le sommeil paradoxal est essentiel à la santé mentale et physique du cheval.
Le sommeil paradoxal est court (15-20 minutes), car le cheval est alors vulnérable. D’où l’importance de lui offrir un lieu calme et sécurisé pour se coucher.
➽ Les poulains dorment beaucoup plus que les adultes et passent davantage de temps couchés.
Être vigilant : un instinct de survie
Un cheval passe 1 à 2 heures par jour (4 à 8 % du temps) à surveiller son environnement.
- Les étalons : plus attentifs aux concurrents.
- Les juments : plus attentives aux prédateurs.
La vigilance s’exprime par des signaux sonores (souffles, ronflements) et des postures d’alerte pour prévenir le groupe.
Les déplacements : marcher pour trouver ses ressources
Un cheval consacre 1 à 2 heures par jour (4 à 8 %) à se déplacer d’un point à un autre (hors déplacements liés au broutage). Il se déplace pour rechercher un point d’eau, une nouvelle pâture ou un abri. En liberté, il parcourt 15 à 20 km par jour en marchant principalement au pas.
- Le trot et le galop sont réservés à la fuite, aux jeux, aux parades ou aux combats.
Autres activités quotidiennes
En dehors de l’alimentation, du repos, de la vigilance et des déplacements, le cheval consacre son temps :
- Aux interactions sociales : toilettage mutuel, jeux, rapports hiérarchiques, reproduction.
- Aux comportements divers : boire, uriner, déféquer, se rouler.
Les variations du budget temps
Le budget temps n’est pas figé, il varie selon :
- L’âge : les poulains dorment et jouent plus, mangent moins grâce au lait maternel très énergétique.
- La saison : davantage de déplacements en été et hiver pour trouver eau, nourriture et abris.
- La reproduction : l’étalon réduit son temps d’alimentation pour accorder plus de temps aux interactions sociales.
➽ Chez nous, nous avons remarqué une particularité : en juin-juillet, avec les fortes chaleurs et les taons, tous les chevaux se regroupent l’après-midi sous l’abri en même temps.
Et concernant les chevaux vivant principalement en box ?
Le contraste est frappant. Selon des chiffres de l’IFCE :
- Manger : seulement 15 % du temps.
- Rester immobile : 65 %.
- Couché : 15 %.
- Autres activités : 5 %.
➽ Le budget temps d’un cheval en box est donc très éloigné de celui d’un cheval en liberté.
Exemple concret d'une écurie active
Notre expérience
Nous avons créé une écurie active avec pistes, inspirée du concept de Paddock Paradise. Nous accueillons une quinzaine de chevaux – hongres et juments – vivant tous ensemble.
Notre écurie est composée de :
- une grande zone de repos paillée (ancienne écurie à vaches),
- trois zones de nourrissage équipées de râteliers à foin entourés de filets, mailles de 3.5cm,
- 1,5 km de pistes reliant les différentes zones,
- un point d’eau,
- plusieurs parcs d’herbe ouverts en tournus durant la belle saison.
Nos observations
- Les chevaux mènent une vie sociale riche et active.
- Ils passent effectivement près de 60 % de leur temps à manger.
Nous distribuons du foin à volonté sous filet dans des râteliers. Cela limite la vitesse d’ingestion et permet aux chevaux de manger sur une longue durée.
Bien sûr, cela réduit leurs déplacements par rapport au pâturage naturel, mais c’est la solution la plus efficace que nous ayons trouvée pour respecter leurs besoins.
➽ La gestion de l’alimentation reste un défi majeur dans la détention des chevaux. Beaucoup de problèmes de santé, comme les coliques, pourraient être évités si les besoins digestifs fondamentaux étaient mieux compris et respectés.
- Grâce à un GPS placé une semaine sur un cheval, nous avons constaté qu’il parcourait en moyenne13 km par jouren hiver (sans accès aux parcs d’herbe).
- Le repos est organisé par affinités : les chevaux se couchent par petits groupes, souvent à tour de rôle.
- La majorité dort couchée durant la seconde moitié de la nuit, tandis que d’autres préfèrent se reposer le matin ou en début d’après-midi.
Pour moi, il était essentiel que mes chevaux puissent vivre au plus près de leurs besoins naturels. Et aujourd’hui, je pense que c’est le cas : ils semblent parfaitement équilibrés et apaisés dans ce mode de vie. Lorsque je les travaille, je les sens calmes et disponibles, en toute saison.
Conclusion : un repère indispensable pour le bien-être équin
Connaître le budget temps du cheval nous permet de comprendre ce qui est essentiel à son équilibre physique et mental. Notre objectif, en tant que gardiens, devrait être de nous rapprocher autant que possible de cette répartition naturelle dans la vie domestique.
Un cheval qui mange quand il le souhaite, qui peut se déplacer, se reposer correctement et interagir avec ses congénères sera un cheval plus serein, plus sain et plus épanoui. Il sera aussi beaucoup plus réceptif à de nouveaux apprentissages.
➽ Dans notre propre écurie active, nous avons pu observer à quel point ce mode de vie respecte les besoins fondamentaux des chevaux : alimentation en continu, déplacements quotidiens, repos en toute sécurité et vie sociale riche. Et les résultats sont là : des chevaux calmes, équilibrés et disponibles dans le travail.
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